Si vous avez envie de voir les professeurs d’un autre œil et de démystifier ceux que vous avez connus, qui vous ont traumatisé ou pas, lisez le livre de Galatée Dominique Hirigoyen : Un collège privé en Seine-Saint-Denis aux éditions de L’Harmattan. Son livre est aussi disponible sur Amazon.

En effet, elle nous raconte, comme dans un carnet de bord, ses souvenirs de professeur de lettres et nous fait partager l’amour et la haine avec ce merveilleux métier de professeur qu’elle a exercé toute sa vie avec passion et affection.

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Elle nous explique que l’image des professeurs est faussée. Elle nous invite à passer de l’autre côté du rideau pour voir la vraie face cachée de ce métier assez ingrat. Comme si nous partagions un journal intime d’un professeur. On s’aperçoit que derrière ce métier, ce profil, ce rôle d’enseignement se cache un être humain, avec ses peurs, ses doutes, son envie d’enseigner et d’aimer les enfants et surtout les autres.

Je vous invite à lire le jeu de questions / réponses que j’ai partagé avec l’auteur Galatée Dominique Hirigoyen :

Tout d’abord, pouvez-vous parler de vous ? De vos futurs projets ?

Dans mon livre, je parle de moi, de mon métier d’enseignante, je parle de ce que j’aime apprendre à mes élèves lorsque je leur offre des citations d’écrivains, ou que je leur fais découvrir leurs textes, lorsque je les initie au théâtre, à la poésie, ou que je leur fais aimer la nature…

Maintenant que je suis à la retraite depuis la rentrée de septembre, je peux me consacrer à ce qui me plaît le plus dans la vie, l’écriture, le théâtre, la peinture. J’ai en projet deux autres livres de souvenirs et une pièce de théâtre où je serai comédienne.

Pouvez-vous m’expliquer la raison pour laquelle vous citez un paragraphe « Zazie dans le métro » de Raymond Queneau pour commencer votre livre ?

J’ai choisi de citer le texte de Queneau au début de mon livre car je suis entièrement d’accord avec la réponse de Gabriel : « On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. ». Ces qualités, sans me vanter, m’ont toujours accompagnée dans mes rapports avec les enfants. En même temps, j’aurais bien aimé pouvoir, parfois, comme Zazie, leur en faire voir de toutes les couleurs, pour me venger de tout ce qu’ils m’ont fait subir…

Dans votre avant-propos, vous parlez de vous et pourquoi vous avez écrit ce livre, on apprend que vous avez enseigné pendant 34 ans au collège privé Sainte Marie dans le 93, est ce que cela vous manque et si oui, pourquoi ?

Mon avant-propos sert surtout à expliquer pourquoi je suis entrée dans l’enseignement privé, après avoir débuté dans le public, que ce n’était pas vraiment un choix au départ, et à clarifier la différence entre les statuts des enseignants privé/public.

Même si j’ai maintenant une qualité de vie bien plus agréable, les enfants me manquent toujours, d’ailleurs j’essaie de garder le contact, en donnant des cours particuliers ou en partant accompagner des classes de découvertes. J’aime leur esprit neuf, leur spontanéité, leur curiosité, ils me font rire et m’émerveillent toujours.

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Photo de David Tameriout

Comme vous dites si bien, ce livre est comme un carnet de bord pour vous, comment avez-vous choisi les anecdotes racontées dans votre livre ?

Tous les soirs, en rentrant du collège, je me suis efforcée de noter les anecdotes marquantes de la journée, pour ne pas les oublier, mais aussi comme une thérapie, dont j’avais souvent bien besoin. Ensuite, je les ai rassemblées, j’ai réuni tout ce qui concernait les mêmes élèves, puis j’ai élagué, remodelé, allégé, et créé des dialogues pour rendre ces tranches de vie plus agréables à la lecture.

Quel message souhaitez-vous véhiculer via votre livre ?

Mon livre veut effectivement transmettre un message, celui de la difficulté de notre métier si mal reconnu, mais aussi celui de l’amour qu’il faut avoir pour élever les enfants vers la connaissance, celui de l’espoir qu’il faut garder en cette jeunesse qui forme le ferment de notre avenir.

Vous n’avez pas peur de vous dévoiler comme pour démystifier l’image du professeur. En effet, vous parlez de vos cauchemars, pourquoi ce choix ?

Pour rendre un texte de témoignages attractif, il faut en effet oser se dévoiler. Je parle de la vie, je me dois donc de dévoiler ma vie ! L’image un peu surannée du professeur en haut de sa chaire, le maître que l’on respecte et que l’on écoute, cette image est définitivement effacée, remplacée par celle d’un individu critiqué, mal connu, et si peu reconnu. Je parle de ma vocation, mais aussi de mes petites manies, de la salle des professeurs, pour montrer que nous sommes des êtres humains comme tous les autres, avec nos qualités et nos défauts.

Si je décris les cauchemars que je faisais sur l’école avant chaque rentrée, c’est que je ne les ai pas oubliés, j’ai même fait un choix, car j’en ai eu bien d’autres, et j’en fais encore, même six mois après avoir arrêté d’enseigner !